EN SAVOIR PLUS

Droit d'initative et droit d'intention, quelles différences?

Droit d’initiative et déclaration d’intention : deux leviers de la démocratie participative

Dans un contexte où la participation citoyenne devient un enjeu fondamental de la vie démocratique, les procédures de concertation préalable autour des projets d’aménagement ou d’infrastructure prennent une importance croissante. Deux notions juridiques clés encadrent cette participation dans le droit français : le droit d’initiative et la déclaration d’intention. Bien que complémentaires, elles ont chacune un rôle distinct dans la chronologie d’un projet. Comprendre ces deux outils permet aux citoyens, associations et collectivités locales de mieux saisir les moyens dont ils disposent pour influencer les décisions publiques.

La déclaration d’intention : un préalable informatif essentiel

La déclaration d’intention est un acte officiel publié par le maître d’ouvrage (public ou privé), qui annonce publiquement son intention de lancer un projet susceptible d’avoir une incidence sur l’environnement, l’aménagement du territoire ou les conditions de vie des populations.

Cette déclaration remplit plusieurs fonctions :

  • Elle informe le public qu’un projet est en cours de préparation, même s’il n’en est qu’à une phase amont.

  • Elle déclenche le délai légal à l’intérieur duquel peut s’exercer un droit d’initiative : une période de quatre mois à compter de la publication.

  • Elle assure une transparence minimale sur l’existence d’un projet, permettant au public de se mobiliser s’il le juge nécessaire.

En pratique, la déclaration d’intention est publiée dans des formats accessibles : sites internet d’autorités compétentes, plateformes dédiées à la participation publique (comme le site de la Commission nationale du débat public – CNDP), ou encore par voie de presse.

Le droit d’initiative : un pouvoir d’action citoyen

Le droit d’initiative est le corollaire direct de la déclaration d’intention. Il permet à un ensemble d’acteurs – citoyens, associations agréées de protection de l’environnement, collectivités territoriales – de demander l’organisation d’une concertation préalable lorsqu’un projet n’y est pas soumis de manière obligatoire par la réglementation.

Pour être recevable, cette initiative doit respecter certaines conditions :

  • Être formulée dans un délai de quatre mois après la publication de la déclaration d’intention.

  • Réunir un seuil minimal de soutien, par exemple un nombre déterminé de citoyens inscrits sur les listes électorales, ou un regroupement d’associations.

  • Porter sur un projet répondant à certains critères d’impact ou de complexité (fixés notamment par le Code de l’environnement).

Si ces conditions sont remplies, l’autorité compétente (souvent la CNDP ou une autorité administrative locale) décide de l’opportunité d’une concertation, qui peut prendre la forme d’un débat public ou d’une concertation simplifiée.

La consultation citoyenne permet de recueillir l’avis des participants sur une décision déjà prise ou sur un projet en cours d’élaboration, sans obligation d’intégrer leurs contributions dans la décision finale.  

La concertation citoyenne engage activement les citoyens dans le processus de développement d’un projet avec l’obligation pour les décideurs de considérer leurs contributions et de les justifier dans la décision finale. Elle favorise une démarche collective de discussion et d’enrichissement du projet en s’appuyant sur divers outils participatifs mis à disposition du public.  

Une articulation logique et démocratique

La complémentarité entre déclaration d’intention et droit d’initiative est centrale. La première rend possible l’exercice du second : sans déclaration d’intention, pas de point de départ au délai de quatre mois. À l’inverse, le droit d’initiative donne un véritable pouvoir de mobilisation aux citoyens, en leur permettant de ne pas rester passifs face à des projets d’intérêt général.

Cette articulation vise à équilibrer initiative institutionnelle et implication citoyenne. Elle incarne un principe fondamental : celui de la démocratie participative, dans laquelle l’information et la consultation du public deviennent partie intégrante du processus de décision.

Un enjeu de transparence et d’efficacité

Le bon usage de ces deux outils dépend largement de leur visibilité et de la pédagogie qui les accompagne. Trop souvent, les citoyens ne sont pas informés de l’existence d’une déclaration d’intention, ou ignorent qu’ils peuvent demander une concertation.

Renforcer la communication autour de ces dispositifs, clarifier les démarches, simplifier les modalités de soutien (pétitions électroniques, plateformes centralisées), sont autant de leviers pour redonner du poids à la voix citoyenne.

Conclusion : pour une participation citoyenne effective

La déclaration d’intention et le droit d’initiative ne sont pas de simples formalités administratives. Ils sont les garants d’un processus décisionnel plus ouvert, plus inclusif, et plus légitime. Dans un monde confronté à des enjeux environnementaux et sociaux majeurs, donner aux citoyens les moyens d’agir sur les projets qui façonnent leur territoire n’est plus une option, mais une nécessité démocratique.

La participation et la concertation sont des éléments essentiels de l’enquête publique. Ce processus démocratique permet aux citoyens de s’exprimer et de partager leurs avis sur la réalisation d’un projet. Il constitue une étape clé pour garantir la transparence et l’équité dans la prise dans la prise de décision. Il est donc essentiel de définir en amont les outils mis à disposition des participants.  

Lors de l’enquête publique, si une concertation a eu lieu, le bilan de la concertation doit obligatoirement faire partie des pièces du dossier.  

Vous souhaitez d'autres renseignements ?

© 2024 Proxi Territoires, une solution par Rossel Conseil Légales.